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Par taosetchris le 13 Novembre 2013 à 22:03L´Orange amère
Petite, toute petite, ronde comme une orange,
les bras ballants, inutiles, lourds comme des prothèses fatiguées.
Elle est au milieu du groupe et tourne et vire, cherche un regard,
un moment pour dire un mot, une phrase peut-être.
Elle lève une main, s'avance un peu, mais c'est trop tard,
l'espace était si étroit...
Chacun prépare son sac, papote.
Son sac est prêt depuis longtemps,
tout est organisé, rangé pour ne pas perdre de temps
et risquer de manquer le moment où un fil tenu
pourra se créer avec le groupe,
mais le groupe parle de ses histoires de groupe,des trajectoires personnelles, des enfants, de la vie, de la mort.
Elle n'a pas d'histoires de groupe,
sa trajectoire personnelle est une longue ligne d'indifférence polie,
elle n'a pas d'enfants,
sa vie est d'une tristesse infinie,
mais elle espère tout de l'avenir et de la mort.
Ce matin finalement, elle ne dira rien,c'est tout juste si on n'aura pas oublié de l'oublier.
Petite, toute petite, ronde comme une orange.
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Par taosetchris le 18 Novembre 2013 à 22:12
Une famille Yaghan ou Ona
Ushuaia
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Par taosetchris le 30 Novembre 2013 à 18:10
Le ciel de Patagonie
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Par taosetchris le 10 Décembre 2013 à 11:43Valparaiso Valparaiso, j'aime tes ascenseurs qui partent en croisade avec deux cahutes en tôle, qui vont et qui viennent sur des rails d'acier pour délivrer des rêves de grandeur flottants dans l'air du temps, comme des galions chargés d'or. Valparaiso, j'aime tes ruelles folles qui griffent les Cerros voluptueux et gémissent de plaisir quand, des portes couleur de miel, suintent des fragrances épicées d'empanadas. J'aime le bataillon de cent mille marches de tes escaliers boiteux qui enserrent le vide et dévoilent un à un les détours perdus de tes niches de Lapis-lazuli ouvertes sur le port comme un écrin timide.J'aime ton port et tes navires qui tuent le temps en rêvant à de secrètes conquêtes dans les vapeurs d'alcool et les bas rapiécés de filles perdues. Valparaiso, j'aime les touches impressionnistes des pauvres tôles d'acier qui protègent l'adobe apeuré des vieux murs contre les poussières de pluie.J'aime les fresques qui étalent leur fleur sur le béton transfiguré et accrochent le regard des passants.J'aime les fresques qui se meurent doucement sous le lichen des graffitis. Valparaiso, j'aime les étals hallucinés du marché Rodoviario qui tricotent des parfums d'orange et de fraise, insensibles aux averses de lumière. J'aime tes trolleybus qui couinent avec plaisir, dépassés par le coulis vermeil des vieux bus cherchant le client comme les belles du port, en crachant de mortels nuages noirs. Valparaiso, j'aime la fraîche dentelle qui glisse sur les lèvres des femmes quand le sourire gracile s'éteint avec le soir. J'aime l'eau pétillante des rires qui vont de porte en porte détacher l'ivresse des cauchemars. Valparaiso, mère nourricière, louve éclatante aux multiples mamelles où les chiens errants viennent téter les nuages. Valparaiso, ultime rempart de la beauté avant l'arrêt grisaille des colporteurs des mille tours sans vie et de la brise glacée de l'indifférence; Valparaiso, dernier diamant sur la route de la soie.
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