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    Hostal de Visita

     

    Hostal de Visita  
     
    Rue San Juan de Dios, aux premières lueurs de l'aube, 
    la vieille bâtisse blanche secoue ses lambeaux de nuit 
    sous l’œil étonné des taxis qui cherchent encore la martingale du rêve.
     
    Derrière la lourde porte qui se défend de trop en faire 
    les murs égrènent les nouvelles d'un temps 
    où les vendeurs de journaux criaient les unes comme on offre des fleurs.
     
    Et l'escalier craque et gémit d'aise  
    en se pelotonnant dans les draps veloutés de la pénombre, 
    pour écouter toujours la même histoire.
     
    Et les chambres s’étirent avec volupté,  
    là où la lumière fait sécher ses crayons de couleur 
    où le lit défait invite encore et encore  
    à se laisser câliner par une couette amoureuse.
     
    Derrière la lourde porte qui se défend de trop en faire 
    Le bric à brac du patio fait naître des rires polyglottes  
    qui flottent dans l’air comme un parfum de café frais.
      
    Anita tisse ses dentelles d’amour maternel, 
    et nous voilà prisonniers volontaires de son cocon de tendresse 
    Ravier, bonhomme céleste, joue son roi de cœur,  
    il sent bon l’amitié et le pain chaud des soirs d’été.  
     
    Derrière la lourde porte qui se défend de trop en faire 
    Il y a le chocolat noir des jours heureux
     

     Hostal de Visita

    Myriam, Anita, Ravier et Taous

     

     





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  • Noël à Mendoza
    Noël à Mendoza
     
    C'est noël à Mendoza et les platanes,
    comme des cathédrales flottantes,
    viennent griffer le noir profond du ciel
    et les petites mendiantes
    crachent une bouillie geignarde
    en offrant leur bébé miséreux et sublime
    au malaise des passants.
     
    C'est Noël à Mendoza
    et les hordes sauvages des boutiques
    ont revêtu leurs peintures de guerre,
    elles défilent, le regard hautain,
    dans les effluves de tango
    et les promesses d'asado
    et l'enfer cloacal des caniveaux
    laisse sa béance sous les pas incrédules
    des derniers conquistadors.
     
    C'est Noël à Mendoza
    et les jongleurs aux chemises mauresques
    lancent des mouches de feu
    dans les volutes de nuit sous l'œil amusé
    des chauffeurs du dimanche
    et les glaces aux parfums pastel
    semblent trop lourdes dans la main des enfants.
     
    C'est Noël à Mendoza
    et les vieux cireurs
    étalent leurs boîtes de couleur
    sur le macadam fatigué
    et les odeurs de la rue prennent les bus en marche,
    accrochant leurs filaments graciles
    aux portières chuintantes
    et les pères noël agonisants
    sous leurs hardes sibériennes,
    cherchent à sourire au flash laiteux
    des familles aux bouquets de niaiseries.
     
    C'est Noël à Mendoza
    et la ville se liquéfie
    comme un framboisier sous le soleil des tropiques.

     

     

    Noël à Mendoza

     

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  •  
    Les filles de Cordoba
    Les filles de Cordoba 
     
    Les filles de Cordoba ont l'élégance des dimanches matin,
    quand le printemps cogne à la fenêtre
    et apporte des petits déjeuners sur un plateau ourlé de lumière,
    avec des viennoiseries au miel des rues et des bouquets de crocus
    qui sentent bon le pain chaud et les ritournelles.
     
    Les filles de Cordoba
    ont le corps comme une esquisse d'amour,
    il fait outrage aux gerçures du temps
    qui glissent sur leur peau lisse
    comme un bonbon à la pêche.
     
    Les filles de Cordoba
    ont des jambes qui fascinent les pavés trop sages,
    elles délient le verbiage des joueurs de loto,
    qui, dans les vapeurs d'alcool et les dates de naissance,
    maudissent les oripeaux du ciel de n'être ni jeunes ni beaux.
     
    Les filles de Cordoba
    ont des petits seins qui filent sous la robe
    pour se blottir dans la tiédeur opiacée des dessous trop légers,
    tout étonnés des milliers de regards qui les cherchent
    pour s'évanouir dans des fragrances d'images indicibles.
     
    Les filles de Cordoba
    ont la taille des jeunes pousses
    qui défient les crèmes glacées et les mille-feuilles trop lourds.
    Elles ont la taille si fine
    que les notes de tango s'enhardissent
    à des effleurements liquoreux
    et que les mains s'avancent dans des gestes amoureux.
     
    Les filles de Cordoba
    ont sous la taille des promesses de fleurs sauvages
    et des moiteurs ambrées qui glissent sous les doigts
    comme des huiles essentielles.
    Elles ont sous la taille
    des rondeurs opportunes qui invitent les pétales de rêve
    à s'effeuiller dans des bouffées de désir.
     
    Les filles de Cordoba ont l'élégance des dimanches matin
    et le sourire qui persiste comme un parfum fugitif.
    Elles s'évanouissent dans les replis soyeux de la foule
    comme des coquelicots sous des bourrasques d'amour.
     
     

    Les filles de Cordoba

     

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  •             Las Cataratas de Iguazú

    La terre rouge laisse sécher son sang au soleil.

     

    La foule s'écoule dans les sentiers métalliques
    comme le mercure bleuté dans les blessures de la forêt,
    elle avance sous la pluie
    en longues processions de pénitents blancs
    qui récitent leurs prières photographiques.
     
    Pendant ce temps là, La Gargantua del Diablo
    gronde et feule comme un puma affamé et barbare,
    elle projette d'odieux borborygmes
    dans la soute invisible de ses entrailles,
    elle souffle des milliards de postillons d'azur
    qui pausent un instant,
    dans l'espace tout blanc d'un nuage éphémère,
    elle aspire, traîtresse infinie,
    les à-plats paisibles du Río Iguazú,
    dans une chute aux odeurs de chèvrefeuille.
     
    L'appel du vide soulève si fort le cœur,
    que le vertige n'a pas eu le temps de murmurer ses frayeurs.
     
    Des drapés de soieries anciennes,
    aux tons de bistre, de cuivre vieilli,
    de quartz vert et de bleu Perito Moreno,
    glissent en hurlant dans le profondeurs de l'oubli.
     
    Des îlots de verdure s'étonnent d'être toujours là,
    ils retiennent leur souffle
    et poussent dans des débordements joyeux
    pour faire éclater des noirs mouillés sous des feuilles parasols.
     
    Au centre, une énorme langue d'eau,
    aux papilles de puissance,
    arrache sans cesse le décor suicidaire,
    elle le mâche et recrache une coulée ambrée de verre fondu
    qui disparaît dans le velouté abyssal des nuages crémeux.
     
    Pendant ce temps-là, la foule pleure de tant de beauté
    tel Aguirre rêvant de la cité d'or.
     


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