•  LE CATE DRAL
                                      
                                      LE CATEDRAL

       

       
    Sur la piste le professeur de danse semble couler
    dans les bras d'une liane aux talons hauts et vivants.
     
    Impossible de savoir qui est le figuier banian des deux.
    Impossible de savoir si la lumière blafarde
    qui s'accroche aux corps, suinte des pores de la peau
    ou descend de l'autel
    où les haut-parleurs prêchent des volutes de tango.
    Là-haut, le plafond se cache
    dans un épais nuage d'obscurité verdâtre.
     
    Au fond, une énorme boule de papier
    crache une pauvre lumière
    qui tente vainement d'éclairer les tables
    où se disputent des convives indifférents.
    Le tango nous soutire des émotions archaïques
    qui flottent comme l'onde grésillante des gramophones.
     
    Et pendant ce temps-là, le professeur de danse
    enveloppe la liane.

     

     
    LE CATE DRAL

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     LA POUPEE

                      

     

     

                    LA POUPEE

     

       

    Dans les bras du fauteuil, la poupée me regarde fixement.

    Elle fait la mise au point sur son ancienne gloire

    et s'attache aux filaments bleutés des rires d'enfants.


    Près d'elle une femme en robe légère se penche

    et laisse entrevoir un sein à l'émotion fugitive.



    Le soleil s'amuse à bruisser dans les feuillages

    et s'épuise à réchauffer le vent.


    La grande maison coloniale, dans le lointain,

    accroche la douceur des yeux dans ses ocres surannés.



    La poupée se regarde, sa robe est fatiguée de tant d'étreintes,

    ses cheveux filasses cachent une pauvre peau tachée de temps.

    Elle n'a plus qu'un œil qui regarde fixement sa désespérance.

     

     

      


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  •  Les cartonneros de Buenos Aires

     
    Les cartoneros de Buenos Aires

     

    C’est un métier de survivre entre les voitures
    qui déversent leur fiel dans des nuages bleutés.
     
    C’est un métier de tirer une énorme voiture à bras
    pleine d’immenses sacs de cartons avachis
    et de plastiques qui pleurnichent quand on les écrase.
     
    C’est un métier de trier les poubelles d’immondices
    et trouver des trésors de survie.
     
    Et c’est un métier d’en être fier et beau.

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  •             

    Poème à la ville

       

    Buenos Aires glisse dans la touffeur de la nuit.
    Elle muselle les klaxons braillards en ouvrant son manteau
    sur ses seins anguleux.
     
    Des taxis vides et colorés
    chuchotent des mots obscènes à l'oreille du vent
    et moi, moi qui musarde par ici,
    je découvre l'ampleur de la grisaille amoureuse.
     
    Quartier San Telmo, rue de l'université du cinéma,
    un immense sourire de femme se répand sur le mur,
    il viendra hanter mes nuits tant sa fugitive beauté
    s'attache à mes pas comme la voix de Gardel.
     
    La plaza Dorego n'est plus très loin,
    avec ses pauvres danseurs de tango
    qui tentent de soutirer des pesos
    aux tables vides des terrasses désertées.
     
    Et moi, moi qui musarde par ici,
    je découvre le spleen entêtant
    de Buenos Aires sous ses habits de fête.
      
      
    Poème  à la ville

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